Une nature idéalisée
Berger consultant l'horizon
À la fin du XIXe siècle, les membres de la Colonie artistique de la famille Bovy rejoignent le château dès la belle saison. Rejetant l’industrialisation des villes, les artistes tentent de retrouver l’essence de la nature et des coutumes traditionnelles. Ils considèrent alors la paysannerie comme une société idéale, hors du temps. Les décors exécutés dans l’ancienne forteresse comtale ne cessent ainsi de célébrer la nature et d’évoquer un lointain passé, souvent idéalisé.
Peintre de la Colonie, Auguste Baud-Bovy (1848–1899) porte un intérêt grandissant pour le travail quotidien des populations modestes ou montagnardes. Ce faisant, il s’inscrit dans une tendance artistique féconde dans la Suisse de la fin du XIXe siècle. Son huile sur toile intitulée Berger consultant l’horizon (1886) l’illustre parfaitement. L’œuvre, que le public admire au Château de Gruyères dans la Galerie Baud-Bovy, représente un armailli. Vêtu d’un bredzon, l’homme scrute l’horizon sur les Alpes bernoises.
Le tableau révèle le désir de peindre l’idéal d’une société de bergers solitaires et de glorifier une vie simple dans la montagne. Ce type d’iconographie trouve son ancrage dans le renforcement d’une identité nationale quelques décennies après la création de la Confédération helvétique en 1848. Cette imagerie est, encore aujourd’hui, invoquée dans la promotion touristique ou dans certains discours politiques.