Daniela Droz
L'envers du visible
À travers l’objectif de son appareil, Daniela Droz saisit un monde sensible fait de lueurs et de pénombres. Poursuivant ses recherches sur la lumière et les effets d’optique, l’artiste tessinoise compose ses images au moyen d’un jeu subtil de verres et de miroirs afin de capter le mouvement de la lumière et son incidence sur la perception de l’espace.
Dans un labyrinthe d’éclats, de reflets, de lignes et de surfaces, l’artiste « perce » de nouvelles ouvertures dans les salles historiques du Château de Gruyères et crée des perspectives donnant accès à un autre dimension. Avec ses photographies et ses installations, elle dresse des fenêtres immatérielles dans lesquelles elle retranscrit des paysages abstraits qui captent l’écoulement du temps et offrent un espace à l’imaginaire.
Commissaire d'exposition,
Filipe Dos Santos
Vernissage
Vendredi 9 mars, 18h
Daniela Droz
La photographe et plasticienne Daniela Droz (1982) est née et a grandi au Tessin. Marquée par la nature de sa vallée de la Léventine natale, elle décide à 19 ans de prendre le chemin de la photographie et de suivre une formation à l’Ecole cantonale d’Art de Lausanne (ECAL).
Depuis l’obtention de son Bachelor en 2008, l’artiste a poursuivi une importante activité de photographe indépendante (revues spécialisées, design, mode) et d’enseignement à l’ECAL. Son travail artistique (photographies, installations, sculptures et design) a, à de nombreuses occasions, été présenté en Suisse et à l’étranger dans le cadre d’expositions personnelles ou collectives, dont Miroir Miroir au mudac à Lausanne (2017).
Eclats de lumière
Construisant des espaces au moyen de plaques de verre et de miroirs, la photographe tessinoise invente des paysages abstraits dans lesquels elle capte le temps à travers l’incidence de la lumière. Telles les ombres dessinées sur le mur par les rayons lumineux à travers la vitre d’une fenêtre, ses compositions témoignent d’un monde extérieur inconnu, mais sensible, sans cesse modifié par le mouvement du soleil.
À travers ses séries photographiques et ses installations, pour la majorité inédites, l’artiste crée un parcours ponctué d’éclats de lumière et de miroitements qui répondent ou font office de prisme aux collections et aux salles historiques du château. Les séries Souvenir (2018), L’envers du visible (2018), Surfaces (2017) et Trittico (2017), dont les compositions font écho aux expérimentations picturales du mouvement De Stijl, percent les murs des salles historiques et ouvrent des fenêtres vers des mondes oniriques. Les concrétions cristallines et colorées du diptyque Espace (2018) répliquent avec tranchant aux murs de pierre ancestraux.
Dans sa nouvelle série de polaroids Mouvement (2018), la photographe use de l’ombre comme marqueur d’un certain moment. Fixant des instants insaisissables sur lesquels il est impossible de revenir, elle invoque le passage du temps, qui transforme perpétuellement toute vision, tout ressenti. Cette recherche se retrouve dans la mystérieuse série Alizé (2018), ode au vent dans les feuillages, dont les ombres s’impriment tendrement sur les murs de l’espace domestique et dans Alinéa (2018), magnétique suspension de verre ondulant lentement au fil du temps.
Avec L’envers du visible, Daniela Droz donne à voir le réel, qui ne se trouve qu’à mi-chemin entre l’ombre et la clarté. Humblement, à travers ses compositions abstraites et ses installations, l’artiste touche à la question métaphysique de l’existence et du rapport du moi intérieur avec le monde extérieur, qui ne semble s’inscrire qu’à travers les sens et le changement.