David Gagnebin-de Bons
Index du fantographe
Tel un auteur de science-fiction, David Gagnebin-de Bons use d’effets et de tours pour révéler un monde fascinant à la fois tangible et étrange. Mêlant l’onirique, le quotidien et les fruits du hasard, il crée avec virtuosité des illusions photographiques qui invoquent la littérature, ses expériences sensibles, ses rêves et ses recherches sur la production des images.
Ses œuvres sont toujours le résultat d’une rencontre. Un objet anodin trouvé fortuitement, un paragraphe au fil d’un roman, une chimère nocturne constituent le point de départ des séries de travaux que le photographe présente pour la première fois au Château de Gruyères. Composant – ou recomposant – ses images tel un sculpteur, David Gagnebin-de Bons nous emporte dans ses histoires à voir, à la rencontre des merveilles qui peuplent son univers.
Commissaire d'exposition,
Filipe Dos Santos
Vernissage
Vendredi 5 juillet, 18h30
David Gagnebin-de Bons
David Gagnebin-de Bons (1979) vit et travaille à Lausanne. Il est diplômé de l’Ecole supérieure d’Arts appliqués de Vevey (CEPV) où il enseigne actuellement.
Son travail explore la matière des rêves, les liens entre la littérature et photographie, les lieux du souvenir et le médium photographique. La photographie devient alors un instrument pour ouvrir de nouveaux espaces imaginaires au spectateur à travers un processus renouvelé de récits personnels.
David Gagnebin-de Bons est membre de near, association suisse pour la photographie contemporaine.
De la matière et des rêves
Pour sa première exposition monographique dans un musée suisse, David Gagnebin-de Bons donne à voir plus d’une cinquantaine d’œuvres récentes. A travers les salles historiques du château, l’exposition se penche sur les thématiques de prédilection de l’artiste qui travaille depuis plus de 15 ans sur la délicate question de la nature de l’image et de la représentation du perceptible. Observateur attentif, il décrit dans ses images le monde physique qui l’entoure, ses rêves et les liens qui se tissent entre les deux univers aux frontières poreuses.
Dans l’Index du fantographe – mystérieux personnage photo-fantomatique –, l’artiste dévoile tout d’abord des travaux consacrés à la rencontre avec notre monde et ses artefacts, frêles témoignages empreints de poésie qui peuvent en surgir (Images du futur). Des réminiscences de cette série se retrouvent au fil des salles du château. L’Index de David Gagnebin-de Bons se poursuit avec une grande installation consacrée à la littérature, au regard et au passage du temps (Mon Père face à La mer de la fertilité), avant de transporter des corps astraux dans différents endroits du monde (Points d’assemblage).
Une grande part des œuvres du photographe ne manque pas d’évoquer les chimères qui le visitent chaque nuit. Patiemment, il « sculpte » les images qui peuplent ses songes au moyen de cire, de latex ou de petits objets et compose d’énigmatiques natures mortes pour les révéler au moyen de la photographie. L’artiste se réclame avant tout de cette discipline, car la réalisation d’une photographie de l’image qui lui est apparue intellectuellement reste l’objectif premier, malgré les opérations plastiques nécessaires à la prise de vue.
La pratique de la photographie, ses techniques et ses matériaux aux pouvoirs quasi alchimiques marquent considérablement le travail de l’artiste qui met à l’épreuve outils et méthodes (Points d’assemblage ; Liasses, Cahiers, Feuillets, Carcasses), tout en glissant parfois des impostures dans ses images. Créant des correspondances formelles ou croisant des références parfois subtiles entre les œuvres, David Gagnebin-de Bons explore les possibilités d’échanges entre la photographie, la littérature, le monde sensible et entrouvre des portes vers d’autres dimensions.